Les malheurs de Jabeur Mejri et l’acharnement de la justice tunisienne à son encontre se poursuivent. Le numéro 3 de Gibraltar a raconté son histoire en BD, un récit dessiné sur 31 pages de Sofiya Vosnaya avec un scénario du journaliste Thibaut Cavaillès avec talent et sensibilité.

Après avoir été incarcéré durant deux années, ce jeune Tunisien a été condamné à 8 mois de prison ferme pour avoir insulté un greffier. Après l’injustice, doit-on évoquer Ubu, Kafka ? La justice tunisienne est vraiment à réformer.

Retour sur l’histoire édifiante de Jabeur. Il habite Mehdia, une petite ville sur la côte est de la Tunisie. Diplômé d’anglais et chômeur, il ne croit pas en Dieu et l’écrit dans un texte en anglais sur un blog et dessine des caricatures du prophète Mahomet. Très peu de personnes (380, pas davantage) lisent son pamphlet mais l’une d’elles montre ces caricatures à un imam de Mehdia. Le religieux mandate deux avocats pour porter plainte. Des policiers viennent arrêter Jabeur le 5 mars 2012. Pendant les quelques jours d’enquête il est maltraité, torturé pour l’obliger à signer des aveux. De toute évidence, la justice a été politisée.

Il passe en jugement le 28 mars et est condamné à 7 ans et demi de prison. Ses amis créent un comité de soutien pour essayer d’alerter l’opinion publique sur cette condamnation qui à leurs yeux a tout d’une injustice. Pendant son incarcération Amnesty International le déclare « prisonnier d’opinion »,  médiatise son cas et lance une campagne mondiale dès avril 2012 pour demander sa libération. En France, la pétition adressée à Moncef Marzouki, président de la République tunisienne a mobilisé plus de 55 000 signatures. D’autres organisations de défense de droits de l’homme à travers le monde et en Tunisie l’ont défendu.

Jabeur Mejri a été libéré début mars 2014 après deux ans de prison passés dans des conditions difficiles. Il envisageait de partir à l’étranger, en Suède notamment, afin de s’éloigner d’un pays où il ne peut plus vivre. Sa nouvelle incarcération le prouve et de nouveau, la justice tunisienne s’acharne sur son cas sans faire preuve de la moindre compréhension.

Cependant son cas n’est pas isolé, de nombreuses entraves à la liberté de penser et de nombreuses violations à la liberté d’expression ont été constatées depuis 2011 en Tunisie, malgré l’adoption d’une  nouvelle Constitution et les élections libres.

 

FacebookTwitterMore...