Exode de civils, migrants sur des bateaux à la dérive, interminable hémorragie en Syrie, éclatement du Proche-Orient… L’actualité n’en finit plus de nous tendre les éclats du miroir brisé d’une Méditerranée qui se fissure au sud et à l’est. Le nouveau numéro (N° 5) de la revue Gibraltar, Un Pont entre deux Mondes publie des récits qui racontent autrement, par le texte, la photographie, le dessin, les mondes méditerranéens. Gibraltar demeure fidèle à sa vocation de tendre des ponts entre les rives, au-dessus des barrières et murs de toutes sortes.

Le dossier Vivre entre les murs”, consacré à la Palestine et à Israël, décrit des héros du quotidien à Tel Aviv, Ramallah, Hébron, Bethléem et à Beyrouth, au sein du camp de Chatila, qui luttent pour vivre dignement, se déplacer, malgré les multiples obstacles de l’occupation et un processus de paix dans l’impasse. À la fin du XIXe siècle, durant l’empire ottoman, un photographe français, Félix Bonfils, immortalise avec ses images noir et blanc la Terre sainte dépourvue de frontières et des séparations qui existent aujourd’hui. Bonfils aborde les mythes de la géographie biblique, révélant alors le caractère intemporel de la société palestinienne et de ses différentes communautés, mais aussi les futurs bouleversements à venir… Récits et reportages de Marine Vlahovic.

Gibraltar publie deux textes poignants sur l’Algérie. Le premier est signé du grand romancier Yasmina Khadra qui a imaginé un frénétique combat de boxe dans l’atmosphère coloniale d’Alger en 1935, allégorie de la future guerre d’Algérie qui, au final, ne fera que des perdants. Le second est une nouvelle inédite de l’écrivain de romans noirs, Benoît Séverac, qui semble répondre au précédent tel un écho enfiévré. Ondes Algériennes prend comme cadre le port de Marseille et le quartier de l’Estaque lors du retour du contingent en 1962, après les accords d’Évian. Un homme assiste au débarquement des troupes françaises et attend, résolu.

Absente des cérémonies de Marseille-Provence 2013, l’œuvre de Marcel Pagnol est ici revisitée à travers les lieux de tournage de ces principaux films (Regain, Jean de Florette, Manon des sources…), hors sa trilogie marseillaise, sur les lieux même de son enfance, sur les collines d’Aubagne, à l’ombre du mont Garlaban qui ouvre les première lignes de La gloire de mon père. Reportage d’Hubert Prolongeau.

Une évocation de la situation sociale au Caire à travers deux rencontres dans un taxi, sous la plume ironique et tendre de l’écrivain égyptien Khaled Al Khamissi, l’auteur de Taxi (Actes Sud).

De 1904 à 1957, une épidémie de lèpre sévit en Grèce. Faute de traitement, les autorités décident d’enfermer les malades atteints de ce mal sur l’îlot de Spinalonga, au large de la Crète. Épaminondas Remoundakis y fut interné pendant vingt ans, coupé du monde extérieur. Il raconte ici sa jeunesse buissonnière, la découverte du mal qui va le ronger, la coupure avec son île natale et sa famille, son exil sur Spinalonga…

Sur l’île turque d’Heybeliada, sur le Bosphore, vivait autrefois une importante communauté turque qui a dû s’exiler dès 1955 après des violences commis à leur encontre à Istanbul. Au sommet d’Heybeliada, se niche un monastère orthodoxe millénaire où l’on formait naguère le clergé orthodoxe. Aujourd’hui, y vivent seulement trois moines, gardiens d’une riche bibliothèque. Récit BD de Jérémie Dres.

Dans le désert algérien, la population sahraouis vit de l’aide humanitaire dans le camp de Smara, non loin de Tindouf, et attend depuis 1991 une résolution du conflit entre nationalistes du Front Polisario et royaume du Maroc qui revendique et occupe une partie du territoire. Récit  photo de Georges Bartoli.

 

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