Au printemps 2015, Ahmad et Jihane, accompagnés de leurs deux enfants et de leur nièce, ont quitté la Syrie en guerre, traversé la Turquie puis posé le pied en Grèce, sur le sol européen sept mois plus tard pour y chercher la sécurité. Arrivés en clandestin à bord d’un zodiac surchargé, il a fallu un mois à cette famille syrienne pour traverser les Balkans, l’Europe vers le nord et atteindre sains et saufs la Suède, leur nouvelle terre d’accueil.

En 2015, qui pouvait imaginer qu’Ahmad, Jihane et leurs enfants, partis de Syrie sept mois plus tôt, seraient les premiers d’un flot de 600 000 migrants, candidats à rejoindre la Grèce ? Leur périple de 4 000 kilomètres, à travers huit frontières et neuf pays, a duré trente jours. Mais l’exode n’est pas qu’affaire de géographie. Arrivés en Suède, ils ont été pris dans les limbes de l’attente, où les souvenirs douloureux se mêlent aux incertitudes de l’avenir dans un pays à l’opposé du leur. Ahmad et Jihane n’en sont qu’aux prémices d’un plus laborieux périple, celui d’une vie à reconstruire.

Syriens, ils vivaient à Yarmouk, un ancien camp de réfugiés palestiniens, devenu une vaste banlieue commerçante de Damas. Ahmad, né de parents palestiniens, tenait une boutique de chaussures et sa femme, Jihane, était traductrice. Pacifiste, Ahmad a refusé de prendre les armes. Quand le régime syrien a commencé à bombarder leur quartier, la famille a fui dans une zone calme pour attendre la fin des combats. Lorsqu’Ahmad a appris qu’il était appelé pour combattre dans l’armée de Bachar el-Assad, il a choisi de partir vers un avenir meilleur en Europe.

Un émouvant récit photo à lire dans Gibraltar N° 6. Photographies d’Olivier Jobard, texte de Claire Billet

Sur les quais bondés de la gare de Gevgelia, Macédoine, été 2015, les réfugiés attendent un laissez-passer des autorités. Pour Ahmad, il est aussi l’heure de changer la couche de César…

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