L’homme fume cigarette sur cigarette, assis sur le rebord de la fenêtre. Il occupe la 14 avec vue sur la mer. L’établissement s’appelle l’Étoile du Sud. Il a laissé un nom d’emprunt à la réception. Les autorités exigent que les gérants d’hôtel visent les papiers d’identité de leurs clients, mais le propriétaire de L’Étoile du Sud n’est pas regardant sur la paperasse. Surtout si on règle un mois à l’avance. Et puis c’était avant. Pendant les événements. Il fallait alors traquer les terroristes du F.L.N. et de l’O.A.S. sur tout le territoire et Marseille était particulièrement exposée. Aujourd’hui, tout le monde s’en fout. La ville est en ébullition depuis quelques semaines. Il y a tous ces rapatriés dont on ne sait que faire, qu’il faut bien accueillir malgré tout puisqu’ils sont Français. On jette des cailloux aux Gitans, mais ceux-là ne valent pas mieux, pense-t-on.
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Auteur : Une nouvelle de Benoît Séverac - Illustrations de Philippe Rouffiac