Légende : Marseille vue par l’illustratrice © Émilie Seto. Calanques, « marseillologie » et spectre du drame de la rue d’Aubagne…
Au sommaire du dossier Cités de légende et de fiction du nouveau numéro (N° 9) de Gibraltar, quatre villes-mondes comme autant de miroirs de notre époque : Barcelone, Tanger, Lisbonne et Marseille. Ou comment voyager par l’imagination, le rêve, la réflexion quand nous en sommes empêchés par l’épidémie…
Barcelone, Tanger, Lisbonne et Marseille. Dans son dossier, le nouveau numéro de Gibraltar braque ses feux sur quatre villes-mondes qui ont beaucoup à nous confier sur l’époque dans laquelle nous vivons. Pédale douce sur le trop plein médiatique de l’épidémie sanitaire, départ vers d’autres ailleurs…
Barcelone, ultra-touristique encore hier, désertée par les touristes et les visiteurs du monde entier en 2020 et 2021, la « Ville des prodiges« , selon le romancier Eduardo Mendoza avec son roman éponyme, est un creuset et une source d’inspiration inépuisable pour les écrivains du monde entier, notamment ceux de langue espagnole et catalane. Dans la nouvelle inédite du romancier (madrilène ! Ce n’est pas un sacrilège, bien au contraire), David Torres, on croise le mythique détective privé Pepe Carvalho qui revisite, aux côtés d’une jeune et séduisante étudiante en littérature, quelques lieux de la géographie barcelonaise à travers quelques œuvres littéraires de premier plan dont elle est le théâtre. Le héros de chair et de papier créé par l’écrivain et journaliste Manuel Vásquez Montalbán, auteur de nombreux best-sellers traduits en français, revit sous la plume de David Torres. Et Pepe Carvalho survit même à son créateur…
À Tanger, vigie du détroit de Gibraltar et grande ville du nord du Maroc, longtemps délaissée par Rabat et le pouvoir central, tout peut être ou devenir littérature avec de grands noms de la littérature ou du cinéma. La ville demeure un roman à elle seule, nourrit la fiction le réel. La cité du Détroit abrite également la grand carcasse de béton du Gran Teatro Cervantes, inauguré en 1931 par un riche expatrié espagnol et édifié pour l’amour de son épouse. La plus grande scène lyrique d’Afrique du nord a connu bien des déboires racontés ici. Abandonné depuis 1962, le théâtre Cervantes a été cédé par l’État espagnol au Maroc en vue d’une rénovation et d’une hypothétique renaissance…
Lisbonne l’atlantique est également une ville méditerranéenne, africaine, européenne… L’écrivain Jacques Houssay, auteur d’un premier roman remarqué (Border, Le Nouvel Attila, 2019) nous offre une ode à cette autre ville de tous les possibles et au pays qui s’est libéré de la tyrannie lors de Révolution des Œillets le 25 avril 1974, sans effusion de sang. Ce texte a été écrit spécialement pour Gibraltar durant la période de confinement sanitaire où comme des millions d’entre nous, l’écrivain était privé de voyager ou de revoir les lieux et les êtres qui lui sont chers. Ou comment à partir du manque, d’un monde qui se défait, surgissent la poésie de l’absence, l’écriture consolatrice.
Depuis sa mise en lumière comme Capitale européenne de la Culture en 2013 et les municipales de mars et septembre 2020, Marseille poursuit sa mutation, de cycle en cycle, entre modes, gentrification à l’œuvre, faits- divers et drames… Effondrement de logements insalubres rue d’Aubagne fin 2018 et ses huit habitants décédés, lutte contre un projet municipal dans le quartier de la Plaine, fin de l’ère Gaudin, changement de maire et de majorité… La deuxième ville de France peut-elle réellement changer ? Partie à Barcelone, l’auteure, Laura Guien, revenue à Marseille, donne quelques clés pour évoquer cette ville phénix…
